Le présent document constitue la réponse à une série de questions posées à notre association par des étudiants en journalisme, peu avant les élections municipales 2014.

Question1. Que faudrait-il faire aujourd'hui pour changer le quotidien des lyonnais, notamment pour améliorer leurs conditions de déplacement?

Réponse : Que faire AUJOURD’HUI ?  C’est une échéance très courte,  mais des choses sont certainement possibles à court terme, disons dans les 3 premières années d’un Mandat municipal (après tout la première ligne du métro de Paris s’est construite en 19 mois)

Adopter  très rapidement des mesures relativement peu coûteuses susceptibles de favoriser l’usage des Transports en commun  et des vélos en dissuadant celui des véhicules privés motorisés.  
Pourquoi favoriser ces modes ? Essentiellement parce que nous (DARLY)  les jugeons respectueux des enjeux environnementaux, énergétiques, sociaux.

Par exemple
Inversion du sens de circulation des voitures sur certaines voies arrivant directement en face des ponts du Rhône,  mais création  sur ces mêmes voies de larges couloirs TC et vélos à contre-sens  c’est à dire vers le centre ville  (Cours Vitton et Roosevelt, Rue Servient, Cours Albert Thomas et Gambetta, Rue de l’Université)

 

Question 2. Pensez-vous que tous les moyens sont donnés aux lyonnais pour qu'ils puissent circuler librement et en toute sécurité en vélo? Que faudrait-il faire pour améliorer le déplacement en vélo?

Réponse : Non, les réponses actuelles sont encore très insuffisantes.  De gros efforts sont à faire pour favoriser l'utilisation de la bicyclette.  L’objectif de  25 %  ou davantage des habitants de l’agglomération allant au travail, à l'université ou à l'école à vélo n’est pas exagéré.

Il faut penser le réseau cyclable comme on voulait penser les réseaux pour les voitures il y a 40 ou 50 ans,  dans le but de faciliter la circulation (celle des cyclistes cette fois-ci), et agir rapidement sur les points suivants :

TEMPS DE DEPLACEMENT
Sur beaucoup de trajets, le vélo peut être la forme de transport la plus rapide et la plus souple. Par la  réduction des temps de trajet pour les cyclistes, tous les citoyens peuvent économiser du temps.
Etendre et développer le réseau de voies cyclables, avec des tracés les plus directs possibles

« Autoroutes pour vélos » traversant l’agglomération, notamment sur les axes (en face des ponts) précités dans la réponse à la 1ère question,  ainsi que sur la rive droite du Rhône,  sur laquelle par exemple on réserverait la chaussée la plus proche des immeubles aux vélos et aux TC  (Les VP utilisant la chaussée au bord du fleuve).

« Onde verte » pour les vélos aux heures de pointe, en réglant les feux des principaux axes sur la vitesse des cyclistes (vingt kilomètres à l'heure).
Note : C’est aussi la vitesse commerciale ordinaire des TC dans la rue, quand ils disposent de couloirs et sites propres.
Raccourcis, relativement économiques tels les double sens cyclables et shunts divers ou plus coûteux, tels de nouveaux ponts ou passerelles sur les fleuves ou grandes infrastructures autoroutières et ferroviaires.

Notamment réaliser (mais c’est du long terme) un maillage serré de voies piétonnes et cyclables dans les quartiers périphériques où la maille actuelle des rues est souvent très lâche, avec voies en impasse,  ce qui empêche les trajets au plus court entre origines et destinations (et suscite une utilisation exagérée de la voiture).
Un exemple dans le 3ème arrondissement : le « bloc RVI » entre les rues Feuillat et du Professeur Rochaix représente presque 10 hectares non traversables par le public.
Au confins du 5ème arrondissement et de Tassin, le « bloc » cerné par la rue Joliot Curie, l’avenue Général Eisenhower et la rue de la Garenne dépasse 25 hectares non traversables.
Dans les villes de la banlieue lyonnaise ces exemples se multiplient
Vélos à assistance électrique (promotion,  infrastructures de recharge des batteries)
Informations  sur les meilleurs trajets (signalisation, GPS)
Abaissement de la vitesse des voitures là où c’est nécessaire, par exemple autour des écoles.
Meilleure intégration des métros, trains, trams, bus d’une part et des vélos d’autre part, incluant  des programmes de vélos partagés aux deux extrémités du trajet en TC, et de meilleures facilités de parking aux stations  TC
Mise en place d’un funiculaire Rue Terme, avec remorque pour vélos, vers la Croix-rousse.
(lancer les études  d’un nouveau funiculaire, entre la Confluence et Sainte Foy)
Modifications du Code de la route, intégration plus poussée du Code de la Rue.
La part modale du vélo est aussi affectée par la performance des autres formes de transport. Par exemple un péage de congestion pour les véhicules motorisés augmentera la part du vélo.

SENTIMENT DE SECURITE
Une des conditions pour favoriser le choix du vélo est le sentiment que le mode est sûr. Une ville où se déplacer en vélo est ressenti comme non dangereux pousse davantage de gens vers ce moyen de déplacement, nouveaux arrivants, personnes âgées, enfants. Beaucoup d'habitudes de déplacements sont acquises pendant l'enfance, et des enfants habitués au vélo apprendront à naviguer dans un trafic dense, et continueront plus volontiers sa pratique une fois adulte.
Carrefours redessinés, incluant la matérialisation de la voie cyclable dans l’intersection (couleur  et/ou matériau différents).
Elargissement des voies cyclables aux point de gros trafic vélos,  lignes de peinture matérialisant des files sur ces voies cyclables larges
Rues réservées aux TC et aux vélos.
Voies cyclables traversant des espaces verts (Parc de la Tête d’Or, Parc des Quatre rives à Gerland avec réalisation d’une passerelle vers Oullins)
Campagnes de communication sur les bons comportement et l’affabilité, à l’adresse des cyclistes et des automobilistes.
Rendre plus sûrs les trajets vers les écoles

CONFORT
Revêtement  de chaussée plus doux surs les voies cyclables, entretien régulier.
Partenariats pour le stationnement, l’évacuation et la récupération éventuelle des vélos abandonnés
Services tels les pompes à air pour  regonflage des pneus, fontaines d’eau potable, informations sur la météo locale par panneaux électroniques , téléphones portables…
Partenariats avec les employeurs et les établissements scolaires (Communication sur la commodité du vélo, formation à la conduite, facilités de stationnement, vestiaires, ateliers de réparation)
Le stationnement des vélos dans les rues commerçantes doit être planifiés le plus en amont possible. De bonnes facilités de parkings sont primordiales.
Créer de nouveaux types de parking pour vélos, incluant celui des vélos spéciaux (avec remorque porte bagages ou porte enfants, ou de type triporteur)

IMAGE, STYLE DE VIE
Campagnes « marketing » relative à l’image, au style de vie, aux avantages du vélo.
Partenariats entre les villes et l’Etat  pour établir le vélo comme un moyen  d'augmenter la santé publique et l'intégration sociale. Si plus de citoyens choisissent la bicyclette, il en résultera une amélioration pour beaucoup par augmentation de l'accessibilité, réduction de la pollution, diminution du bruit et conditions de circulation plus sûres.
Partenariats  avec des entreprises, des secteurs commerciaux, des transporteurs publics, des municipalités voisines, visant à une efficacité maximale des diverses initiatives.
Campagnes cibles orientées vers des groupes  qui ont le potentiel d’utiliser davantage le vélo, y compris nouveaux arrivants, personnes âgées, personnes utilisant la voiture sur des trajets courts.
Campagne publicitaire de type « Votre ville, ville amie des cyclistes, ville douce pour circuler »

EXPERIENCES
Intégrer l’expérience des cyclistes quotidiens depuis toujours dans le dessin des voies cyclables
Communiquer les expériences cyclistes positives  (promouvoir des forums cyclistes internet,)

 

Question 3. A votre avis, quels sont les enjeux principaux (au niveau de l'environnement) sur lesquels les candidats aux élections municipales doivent jouer? Quelles sont les priorités à prendre en compte?

Réponse : Limiter la pollution atmosphérique,  préserver les espaces verts en secteur urbain  (et ailleurs aussi), limiter les consommations de ressources énergétiques non renouvelables,  prendre conscience que la pénurie atteint toujours les plus faibles en premier.

Question 4. Face aux mandats de Gérard Collomb, certains de ses adversaires aux municipales proposent de développer plutôt le côté humain de la ville de Lyon. Ils misent ainsi sur "la ville a vivre" afin d'améliorer le quotidien des lyonnais tout en préservant l'environnement. Que pensez-vous de cela?

Sans vouloir faire des procès d’intention, ces propositions semble de simple opportunité électorale quand elles ne viennent pas de candidats des partis écologistes.
Notamment les prises de position récentes des uns et des autres sur une grande opération  autoroutière comme l’Anneau des Sciences (TOP) sont très révélatrices de leurs options  réelles en matière de déplacements. La priorité accordée au déplacement motorisé individuel reste extrêmement  prégnante dans beaucoup d’esprits, elle leur semble au fond « la seule réaliste ».

 

Question 5. En tant qu'association agissant au niveau de l'environnement, comment vous faites-vous entendre par les instances publiques? Comment influencez-vous les politiques municipales?

Il est difficile de se faire entendre instantanément  par les  instances publiques.
Par contre sur le long terme, nous devons procéder en attirant constamment l’attention sur la prégnance des enjeux énergétiques, de santé, d’équité sociale, d’aménagements urbains équilibrés, en profitant systématiquement de tous les moyens légaux (concertation des citoyens, enquêtes publiques) et médiatiques (journaux,  prise de parole en débats publics …)

 

Question 6. Est-ce que l'élection d'un nouveau parti changerait votre façon de militer, de faire pression?

Probablement pas beaucoup, mais on peut rêver que la collaboration serait plus sincère et plus poussée et plus fructueuse avec certains partis s’ils remportaient les élections .

Bernard GIRARD (Darly)