Contribution de la Coordination d’association DARLY

§1 -  Préambule :

La coordination d’associations DARLY soutient la démarche SCOT, dans son principe. Enfin de l'urbanisme à la bonne échelle (30 à 50 km). Car donner l'urbanisme aux communes (Loi Deferre de 1982) a été une énorme erreur (voir tempête Xintia en Charente-Maritime et Vendée ou plus récemment les funestes conséquences à Draguignan). Un urbanisme à l'échelle du département (ou de la région) n'aurait probablement pas commis une telle erreur.

La coordination d’associations DARLY reconnaît l’immense travail qu’a été, pendant plus de 5 années, la préparation des documents nécessaires pour avoir une vision métropolitaine jusqu’en 2030.

§2 - Le constat :

Cependant, des remarques sont à faire concernant ces textes soumis à enquête publique :

  • Ces textes sont contraints de respecter les décisions de l’Etat dont essentiellement la DTA d’octobre 2006, approuvée par décret début janvier 2007.
  • Ces textes ont, pour la majeure partie, été écrits avant la crise de 2008 et ne prennent donc pas en compte les effets malheureusement durables de cette crise sur la population. Le PADD, par exemple, a été adopté par l’assemblée plénière en janvier 2007.
  • Ces textes sont toujours empreints de "Développement Durable" qui n’intègre pas suffisamment les triples conséquences de la raréfaction des ressources pétrolières (1) et minières, du changement climatique et de la concurrence des pays en développement.

Ces contraintes DTA ( niveaux de vie et ressources disponibles) ne sont pas compatibles, surtout pour une prospective sur 20ans.

La crise mondiale n’est pas un épisode passager. On a parlé de crise en V et en W. Elle pourrait bien être en L. Il y a une prise de conscience que rien ne sera plus comme avant. Les pays en développement revendiquent leur place au soleil et deviennent de sérieux concurrents. La population mondiale croît dans un monde fini. La montée en puissance des pays en développement contribue à l’augmentation de la demande. Les ressources énergétiques et minières s’épuisent, entraînant une augmentation de leur prix. Nous allons devoir « gérer la rareté » comme le dit l’économiste Michel Drancourt.

Il faut mieux prendre en compte la "fracture sociale" et ses exigences prioritaires. Voir le rapport de Jean Paul Delevoye de février 2010 qui souligne « la vitesse et la prégnance avec laquelle le sentiment d’injustice se développe dans la société ». Tous les organismes caritatifs tirent la sonnette d’alarme : La Croix-Rouge fait face à une précarité galopante en France : un million de personnes secourues ; 20% de repas servis en plus ; 25% de plus d’aides financières. Le PADD évoque, en page 5, le chômage, la paupérisation de certains quartiers, l’individualisation croissante des comportements qui
ont renforcé les phénomènes de repli sur soi et de ségrégation. Les dépenses sociales flambent dans les Conseils Généraux. La dette de l’Etat n’a jamais été aussi importante !
Quant au tourisme, les tour-operators signalent une baisse de7,8% de leur chiffre d’affaires.

La plupart de ces évènements sont apparus ou se sont amplifiés depuis les rédactions du PADD et du DOG, documents de base du SCOT.
Les Echos du 3 juin titraient : « Les communautés urbaines à l’heure de la rigueur »
La Croix du 1er juin titrait : « Les finances des départements placées sous surveillance »
Et Jacques Attali déclare dans Le Monde : « Il ne faut pas un plan de rigueur, mais un plan catastrophe » et interroge la société dans son dernier livre au titre alarmiste « tous ruinés dans dix ans ? ».

§3 - Les points positifs du SCOT

Le SCOT a la volonté de construire une « éco-métropole équilibrée » articulée sur des « Bassins de vie » et des « polarités urbaines multifonctions », et favorisant la mixité des lieux de vie : bureaux habitat, loisirs, avec  une « urbanisation plus compacte articulée autour des Transports Collectifs », cela dans le but de réduire les déplacements. Le SCOT a la volonté de préserver les zones vertes et les espaces naturels et les identifient.
Le SCOT s’engage à asseoir la multipolarité de la métropole sur des réseaux de transports collectifs et à améliorer les connexions entre le réseau TER et les réseaux urbains et interurbains. (PADD, page 11).

DARLY approuve et soutient les mesures exposées aux pages 72 et 73 du DOG, à savoir : « viser la ville des courtes distances ; atténuer les effets de coupure des voiries urbaines à caractère autoroutier ; schéma de distribution des marchandises en ville ; partage de l’espace public en faveur des modes doux ; favoriser les transports collectifs.

Le renforcement du rôle de métropole tertiaire, la stratégie de recherche et d’innovation et le développement  de l’industrie de l’immatériel sont des points positifs.  (PADD, pages 21 et 22)
La coordination DARLY approuve les orientations logistiques et foncières à condition de respecter la biodiversité et la non-artificialisation des sols. (PADD, page 23).
DARLY approuve le développement de l’offre commerciale de proximité, le développement de l’attractivité résidentielle, en insistant sur le respect de la Loi DALOla priorité aux 20% de logements sociaux et le développement des logements étudiants. (PADD, page 25 à 29).
La pénurie de logements à des prix abordables est la cause  d’importants déplacements domicile-travail. Le programme  de construction est donc prioritaire.
DARLY soutient à fond la volonté d’aller vers une ville de proximité et un modèle de sobriété énergétique, (PADD, pages 30 à 33) et le choix de la solidarité (pages 36 à 39)

Tout cela est positif et la coordination  DARLY l’approuve.

§4 - Les contradictions et imprécisions


La DTA : « Si le Scot de l’agglomération lyonnaise assume l’amélioration de son accessibilité routière au travers des projets inscrits dans la DTA (A45, A89, contournement ouest de Lyon, il donne clairement la priorité, pour l’avenir, au développement de son accessibilité au travers des autres modes que constituent le fluvial, le ferroviaire et l’aérien.… ». (PADD, page 20)
Le SCOT s’appuie sur une DTA qui demanderait  à être révisée en fonction de la crise née en 2008 car elle ne prend pas en considération le contexte actuel et à venir (voir §2 Le constat).
Cette obligation pour le SCOT de rester fidèle à la DTA peut apparaître comme une hérésie.
Autant la coordination DARLY soutient le développement des transports fluviaux et ferroviaires moins énergivores, autant l’avenir des transports routiers et autoroutiers et celui du transport aérien sont dépendants des énergies fossiles, de leur coût et de leur raréfaction d’ici l’échéance 2030 du SCOT.
Le Changement climatique :
Le changement climatique n’est pris en considération que sous son aspect Effet de Serre.
Une prospective dans ce domaine est aussi indispensable.
Quid de la fonte des glaciers des Alpes, de l’étiage estival des cours d’eau et des ressources en eau qui en résulteront. Quid de la prise en compte des vents et des précipitations de plus en plus violents. Le 13 juin dernier, Givors en a été un triste exemple ! 
Les métropoles gagnantes seront celles qui auront su le mieux appréhender ces problèmes et qui auront su orienter préventivement leurs investissements en conséquence. 
Le tourisme : (PADD, page 25) DARLY attire l’attention sur le fait que le tourisme va être handicapé pour des raisons de réduction de niveaux de vie et d’augmentation du coût des déplacements. 
L’artificialisation des sols : (PADD, page 35) ; DARLY soutient l’idée d’une « ville reconstruite sur elle-même » et la non artificialisation des sols, mais cette volonté semble ne pas s’appliquer partout : la suppression envisagée, par exemple, de la partie nord du V-Vert  qui aurait permis une large liaison entre ce V-Vert et "Le Grand Large", pour y laisser construire un complexe sportif et commercial va à l’encontre de cette résolution.
Organisation multipolaire : (PADD, page 45) DARLY aurait apprécié avoir pour les transports collectifs, comme cela est fait pour les commerces, une description des dessertes aux trois échelles de proximité, intermédiaire et métropolitaine.
Trame verte : (PADD, page 46 à 49) Voir l’observation de DARLY à l’alinéa artificialisation des sols, ci-dessus.
Déplacements : (PADD, pages 52 et 53) Passer de l’étoile à la toile
Le PADD nous dit, page 53 : « Afin de viser une desserte de l’ensemble du territoire, passant notamment par un meilleur maillage, il faut prévoir, au-delà de la mise en place d’un système radial, le déploiement de lignes de rocade permettant d’évoluer progressivement du modèle de l’étoile vers celui de la toile : ce maillage s’appuie par exemple sur la mise en place de lignes structurantes nord – sud dans le Centre-Est, et sur le prolongement de la ligne de l’Ouest lyonnais vers Givors ainsi que sur la réouverture de la ligne Lyon-Trévoux.» 
On peut supposer que les "lignes nord-sud dans le centre-est" sont les lignes A7 et A8 inscrites au PDU depuis 13 ans !, mais on ne peut absolument pas considérer la ligne de Trévoux ni la ligne Brignais-Givors, ni la ligne Hôpitaux-sud A450 Brignais  comme des lignes de rocade !  Il en est de même pour la prolongation de T3 vers le Nord-Isère ou de T2 vers Eurexpo. Ce sont des radiales.
La toile souhaitée reste donc au stade d’une étoile !
Ce n’est qu’une pieuvre ! Les liaisons de rocade ne sont que routières !
Cette situation n’est pas acceptable.

Pour améliorer cet état de fait DARLY propose :

1) Une liaison tram-train entre le nœud multimodal de la gare de Tassin-Valvert et le nœud multimodal du métro à Oullins, via les Hôpitaux-sud et leur campus, en empruntant partiellement la voie ferrée Tassin-Brignais puis les terrains réservés au PLU pour un "Boulevard Urbain Ouest". Cela constituerait une importante rocade ouest + sud depuis la gare St-Paul et Gorge-de-Loup jusqu’aux Hôpitaux-sud, Oullins-gare, prolongée jusqu’à Gerland avec la ligne B du métro.

2) Il est aussi souhaitable et souhaité par Vaulx-en-Velin de boucler rapidement la ligne de Tram T1 et le terminus nord de la future ligne A7 à La Doua avec la future ligne A8, via Le Mas du Taureau ou La Grappinière et tel que représentée pages 58 et 116 du DOG. Cela permet de mieux relier La Doua à
l’école d’architecture et l’ENTPE.

3) Il faut enfin prévoir une liaison entre Territoires Sud et Territoires Ouest avec le prolongement de la ligne forte de transport collectif rocade A8 depuis la gare de St-Fons jusqu’à une correspondance avec la ligne forte prévue depuis les Hôpitaux-Sud jusqu’à Brignais. (Voir carte page 116 du DOG)

§5 – Géographie du projet :


 Est Lyonnais
DARLY souhaite :
- Le refus de la suppression du tronçon nord du V-Vert
- Une densification avec le minimum d’artificialisation des sols ; "reconstruire la ville sur elle-même".
- le respect des nappes phréatiques et de la perméabilité des sols aux eaux pluviales
- la prise en compte des risques d’inondation (comme à Givors, Toulouse ou Draguignan)
- Une description du développement des transports collectifs à prévoir pour accompagner ce grand projet de développement de l’est lyonnais. Il semble qu’il faudrait une nouvelle ligne forte entre les lignes T2 et T3.  Il ne faut pas que les temps de parcours soient tels que les habitants préfèrent prendre leur voiture.

Territoires Sud

- En page 65 du PADD, le dernier § montre bien l’importance des transports collectifs pour l’avenir d’un secteur.
- L’amélioration des liaisons entre les rives droite et gauche du Rhône est à prévoir, en particulier pour les cyclistes et piétons pour lesquels le pont suspendu de Vernaison est très dangereux.
- L’agrafe sud-Bonnevay doit avoir des effets positifs.
- A propos du CFAL (Contournement Ferroviaire de l’Agglomération Lyonnaise), DARLY souhaite voir indiqué plus précisément le tracé de la branche Sud du CFAL, tel qu’il a été retenu par le Ministre des Transports.

Territoires Ouest
- Il est regrettable que le SCOT de l’ouest lyonnais n’ait pu faire partie intégrante du SCOT de  la métropole lyonnaise. C’eut été encore plus important que le rattachement du Val d’Ozon.
- On voit là encore qu’aucune liaison de rocade en transport collectif n’est prévue, mais qu’il y a entêtement à vouloir réaliser un périphérique ouest hors de prix et qui sera obsolète avant même sa mise en service.
- Compte-tenu du coût et du délai de la prolongation du métro jusqu’aux Hôpitaux-sud d’une part et de la ligne forte prévue au SCOT depuis les Hôpitaux-Sud jusqu’à Brignais, DARLY pense qu’il faut étudier l’alternative d’une ligne forte partant de la gare d’Oullins vers Brignais via les Hôpitaux, au lieu de cette ligne forte partant des Hôpitaux-Sud vers Brignais.
- Voir enfin la proposition de DARLY à l’alinéa "déplacements" du §4 ci-dessus.

§6 – Planning et Financement pour les transports collectifs


Le DOG est muet sur ces sujets.

Pour DARLY, il est évident qu’il faut favoriser les transports collectifs, comme le dit le DOG page 73.
Vu le coût du TOP, il faut abandonner ce projet de bouclage et reporter les financements sur le développement des transports collectifs pour lesquels l’urgence est criante, que ce soit pour des raisons de changement climatique, de crise pétrolière à venir, de baisse de revenus des ménages de bruit , de pollution, de reconversion de l’espace public.

L’enquête publique ne nous fournit pas de planning de réalisations ou de priorités en ce qui concerne les transports collectifs. Il s’avère nécessaire de démarrer au plus vite un nouveau PDU pour fixer les priorités et les échéances.

 (1) Voir “Powerdown : Options and Actions for a Post-Carbon World, New society Publishers, 2004”.
Voir lien: < http://www.powells.com/biblio/1-9780865715103-3 >